• Village de Dong Ngac : Trésor caché au cœur de Hanoï
  • Village de Dong Ngac : Trésor caché au cœur de Hanoï

  • Mis à jour le 18 Nov, 2024       Par: Thuy Van NGUYEN

À quelques kilomètres du tumulte du centre de Hanoï, le long des paisibles rives de la rivière Rouge, s’étend le village de Dông Ngac, aussi connu sous le nom de village de Ve. Ce lieu, à la fois humble et enchanteur, évoque une autre époque, préservant jalousement les empreintes d’une histoire profonde et vibrante. Bien qu’il fasse désormais partie intégrante du district de Bác Tu Liêm, Dông Ngac semble suspendu dans le temps, offrant un refuge serein loin de l’agitation de la capitale. Ses temples anciens, ses pagodes paisibles, ses maisons en bois finement sculptées et ses portails ornés racontent chacun une histoire, perpétuant l’éclat d’un passé prestigieux, dont la beauté érodée par le temps demeure d’une grâce immuable.

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L’esprit des temps anciens dans une métropole moderne

Dans les ruelles étroites et sinueuses de Dông Ngac, le visiteur découvre un monde figé dans le temps, où l’âme du Vietnam traditionnel s’exprime au travers d’un patrimoine architectural rare et précieux. Ce village singulier, niché au cœur de l’agitation grandissante de Hanoï, est l’un des derniers refuges de l’héritage culturel vietnamien, avec ses temples, sanctuaires et pagodes où résonnent encore les échos d’un passé glorieux. Au centre de ce patrimoine, la maison communale du village est dédiée aux trois divinités symbolisant l’harmonie entre ciel, terre et humanité, semble veiller sur le village depuis des siècles. Fondé à l’époque de la dynastie Tang, ce sanctuaire, bien que rénové à plusieurs reprises, a su conserver son caractère sacré et se dresse fièrement, adossé à un paisible étang de lotus, qui, chaque été, se pare d’une floraison délicate et embaume l’air d’une douce fragrance. 

Village de Dong Ngac

La légende raconte que Dông Ngac fut autrefois le berceau d’une lignée d’érudits vénérés pour leur sagesse et leur dévotion au bien commun. Pas moins de 22 érudits, parmi les plus illustres du pays, sont originaires de ce village, sans compter plus que quatre cents diplômés de haut rang qui, génération après génération, ont honoré les cours royales des dynasties vietnamiennes. En hommage à ces figures d’exception, de somptueuses demeures de bois, appelées la maison de Dai Khoa, furent érigées au cœur de Dông Ngac. Ces maisons, ornées de cours intérieures sereines et de portes voûtées finement sculptées, se dressent comme des témoins silencieux de la grandeur d’antan et de l’esprit lettré du village. Chacune de ces maisons semble abriter l’âme des érudits, offrant au visiteur une immersion totale dans une époque révolue, où savoir et tradition étaient vénérés. 

Aujourd’hui, Dông Ngac se dresse comme un contraste saisissant, un havre de mémoire au cœur de Hanoï. À chaque coin de rue, entre les murs patinés et les pavés usés, le temps semble s’arrêter, laissant entrevoir les vestiges d’un monde ancien, qui, malgré les siècles, résiste aux assauts du modernisme et préserve l’âme profonde du Vietnam. 

Village de Dong Ngac

Village de Dong Ngac à Hanoi

« Đất kẻ Giàn, quan kẻ Vẽ » – L’honneur des lettrés de Đông Ngạc

Le village de Dông Ngạc est chargé d’histoire et de traditions. Ses habitants, fiers de leur héritage, continuent de l’appeler par son ancien nom, Kẻ Vẽ, et se réfèrent souvent à l’adage : « Đất kẻ Giàn, quan kẻ Vẽ ». Ce dicton met en lumière deux aspects essentiels de la fierté locale : la richesse culturelle et intellectuelle du village (symbolisée par "kẻ Giàn") et l’éminence de ses figures d’autorité, les quan. Ce dernier terme désigne les mandarins, hauts fonctionnaires et érudits ayant occupé des positions influentes sous les dynasties impériales vietnamiennes.

Selon Trân Quang Dai, érudit et gardien des archives historiques de Đông Ngạc, le village fut un berceau de lettrés et de hauts dignitaires dès la dynastie Trần (1225-1400). Pendant des siècles, Dông Ngac se distingua par le nombre de ses diplômés ayant réussi les concours impériaux. Ces concours, basés sur une connaissance approfondie des classiques confucéens, étaient la voie royale vers des positions administratives élevées. Sous la dynastie Nguyễn (1802-1945), Dông Ngac brilla encore davantage, comptant plusieurs titulaires des prestigieux titres de Tiến sĩ (Docteurs) et Trạng nguyên (Lauréats des examens impériaux). Ces distinctions faisaient non seulement la gloire des familles mais contribuaient aussi au prestige du village, renforçant son surnom de "village des érudits".

L’histoire locale regorge de récits fascinants illustrant le dévouement des lettrés de Đông Ngạc à l’étude et à la connaissance. L’un des récits les plus célèbres est celui de Pham Quang Trach, un érudit réputé pour sa discipline et sa méthode de travail peu conventionnelle. Il avait pour habitude de mémoriser ses leçons en marchant longuement dans son jardin. À force de s’appuyer sur les troncs des palmiers en récitant ses textes, l’écorce de ces arbres fut polie, témoignant de son assiduité inlassable. Cette anecdote, transmise de génération en génération, symbolise l’ardeur des érudits de Đông Ngạc dans leur quête de savoir.

Les familles de Dông Ngac continuent d’honorer cet héritage intellectuel à travers les générations. Dans chaque maison, les ancêtres lettrés sont vénérés, leurs portraits exposés fièrement sur les autels familiaux. Les enfants sont encouragés dès leur plus jeune âge à valoriser l’éducation, un principe profondément enraciné dans la culture du village.

En outre, Dông Ngac est connu pour ses maisonnées anciennes, dont certaines datent de plusieurs siècles. Ces bâtisses préservent les traces de l’histoire, et beaucoup d’entre elles comportent des archives ou des bibliothèques familiales où sont conservés des ouvrages rares et des manuscrits calligraphiés.

Balade à vélo au village de Dong Ngac

(Balade à vélo au village de Dong Ngac)

Nem Vẽ et les saveurs anciennes : l’âme gastronomique de Kẻ Vẽ

Le village de Dông Ngac ne se distingue pas seulement par son héritage lettré et son architecture ancienne. Il abrite également un trésor culinaire méconnu mais profondément enraciné dans la tradition vietnamienne : le fameux Nem Vẽ, une spécialité qui incarne l’âme gastronomique de ce village historique.

Le Nem du village Vẽ : une texture et un goût uniques

Le Nem du village Vẽ n’est pas un nem comme les autres. Contrairement au nem chua de Thanh Hóa, réputé pour son acidité et son moelleux, ce Nem offre une texture croquante et un mélange subtil de saveurs. Chaque étape, du découpage précis de la peau de porc au mélange délicat des ingrédients, est réalisée avec soin, rendant hommage à des techniques transmises depuis des générations. Le Nem Vẽ se savoure généralement avec de la sauce de poisson, du piment frais, et des herbes aromatiques, créant un équilibre parfait entre le croquant, le parfumé et le piquant.

Nem Ve Dong Ngac

Bánh sấy ou bánh thịt : une spécialité rare et authentique

Si le Nem Vẽ est la star locale, une autre spécialité mérite tout autant l’attention : le bánh sấy, également appelé bánh thịt. Ce mets rare, évoquant les repas d’antan, est préparé à partir de fines tranches de filet de porc soigneusement marinées dans un mélange de gingembre et de sauce de poisson. Les morceaux de viande sont ensuite séchés au soleil, leur conférant une texture légèrement ferme et une explosion de saveurs, à la fois sucrée, salée et épicée.
Le bánh sấy n’est pas seulement une gourmandise, mais une véritable plongée dans l’histoire culinaire vietnamienne. Autrefois réservé aux occasions spéciales ou aux cérémonies familiales, il est aujourd’hui une rareté que les visiteurs considèrent comme un souvenir culinaire 

Artisanat et survie des métiers d’antan : Dông Ngac, un patrimoine à préserver

Autrefois, le village de Dông Ngac, situé aux portes de Hanoï, débordait d'activité grâce à la diversité de ses métiers traditionnels. Contraint par le manque de terres agricoles étendues, ses habitants se sont tournés vers des activités artisanales ingénieuses, devenant un modèle de débrouillardise et de créativité. Bien que ces métiers soient aujourd’hui en déclin, leur empreinte reste vivante dans la mémoire collective du village.

La fabrication des paniers en bambou : un savoir-faire emblématique

Parmi les métiers les plus emblématiques de Dông Ngac, la fabrication de paniers en bambou occupait une place centrale. Les artisans du bến Hàng Quang (le quai des paniers) étaient réputés pour leur habileté à transformer le bambou en objets utilitaires, vendus à travers la région. Chaque panier, tissé avec précision et patience, témoignait d’une harmonie entre fonctionnalité et esthétique.

Le choix du bambou, matériau à la fois abondant et durable, reflète une philosophie locale d'exploitation responsable des ressources naturelles. Ces paniers servaient non seulement à transporter des marchandises, mais également à stocker des produits agricoles ou à offrir lors des cérémonies familiales.

La disparition progressive des métiers traditionnels

Avec l’industrialisation et l’émergence de matériaux modernes, des métiers comme celui de la vannerie en bambou ont progressivement disparu. Cependant, l’impact de ces traditions artisanales se fait toujours sentir :

Dans les récits locaux : Les familles de Dông Ngac perpétuent les histoires de leurs ancêtres artisans, offrant aux nouvelles générations un lien profond avec leur passé.

Dans l’identité culturelle : L’artisanat, bien que moins visible, reste une fierté du village, un témoignage de la créativité et du pragmatisme des habitants.

Préserver le patrimoine : un défi pour l’avenir

Face à la modernisation rapide et à l’urbanisation croissante de Hanoï, Đông Ngạc se bat pour préserver son patrimoine unique, véritable fenêtre sur l’histoire et la culture vietnamiennes. Ce village ancien charme par ses ruelles pavées, ses portails en bois sculpté, ses maisons communales et ses temples, témoins d’un passé riche en traditions lettrées et artisanales. Cependant, il fait face à des défis majeurs : pression immobilière, désintérêt des jeunes générations pour les savoir-faire traditionnels, et dégradation des sites historiques. Pour relever ces défis, des initiatives concrètes pourraient être mises en place, comme le développement d’un tourisme culturel responsable à travers des circuits thématiques, des ateliers participatifs et des événements locaux, mais aussi des programmes éducatifs sensibilisant les jeunes à l’importance de cet héritage. En mobilisant des ressources locales et internationales, et en valorisant l’artisanat et les pratiques locales via des produits haut de gamme ou l’écotourisme, Đông Ngạc pourrait devenir un modèle de préservation et de développement durable. Ce village, où se mêlent harmonieusement histoire et modernité, incarne un trésor caché de Hanoï, attirant les voyageurs en quête d’authenticité et d’émotions intenses.

Village de Dong Ngac

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Avant de rejoindre Authentik Vietnam en tant que créatrice de contenu pour le marketing, Nina a consacré plus de 15 ans de sa vie au journalisme. Elle a travaillé comme reporter et rédactrice-animatrice à VOV5, la section française de la radio nationale Voix du Vietnam. Cette expérience lui a permis d'entrer régulièrement en contact avec les auditeurs francophones et d'écouter leurs sentiments à propos du Vietnam, ce qui l'aide aujourd'hui dans la création de nouveaux contenus pour le tourisme.

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