La campagne frontalière de 1950 du Viet Minh (sur l'ancien RC4)

Le général Vo Nguyen Giap s'est vu confier une « responsabilité spéciale » avec pouvoirs de commandement dans une campagne frontalière de grande importance en 1950.

La campagne frontalière (automne-hiver 1950) fut une victoire stratégiquement significative de l'armée et du peuple vietnamiens, ouvrant un nouveau tournant pour la guerre de résistance contre les colonialistes. Cette victoire était le résultat d'une combinaison de nombreux facteurs, et la direction stratégique correcte et créative du Comité central du Parti, dirigé par le président Ho Chi Minh, a joué un rôle décisif. Cette victoire est due à la grande contribution du général, commandant en chef Vo Nguyen Giap.

Le président Ho Chi Minh et le général Vo Nguyen Giap ont discuté du plan de bataille de la campagne frontalière de 1950. Photo : VNA

En juin 1950, le Comité Central du Parti et du Gouvernement décide d'ouvrir une campagne à grande échelle dans la zone frontalière Vietnam-Chine dans le but de : « Détruire une partie importante de la force de l'ennemi ; libérer une partie de la frontière, ouvrir des routes avec les pays socialistes ; élargir et consolider la base Viet Bac ».

Leprésident Ho Chi Minh a rendu visite et parlé avec des officiers et des soldats participant à la campagne frontalière de 1950. Photo : VNA

Ainsi, la campagne frontalière a une grande importance stratégique. Le succès ou l'échec de la campagne a eu une influence décisive sur le changement de la situation de guerre, sur la confiance et le processus de construction et de croissance de l'armée pendant cette période de nouvelle révolution. Le général Vo Nguyen Giap s'est vu confier une « responsabilité spéciale » avec des pouvoirs de commandement. Il a été nommé secrétaire du comité du parti, commandant et commissaire politique de la campagne. C'est également une base importante pour que le général puisse prendre des décisions décisives, indépendantes et sages, montrant son talent stratégique.

Changement de plan de combat : Ouverture de la campagne avec la bataille de Dong Khe

Pour assurer une victoire sûre dans la première bataille, en évitant toute subjectivité imprudente, le 5 août 1950, le général Vo Nguyen Giap et un certain nombre d'état-major se rendirent directement à Cao Bang pour étudier le terrain.

L’armée vietnamienne était en route pour libérer la ville de Dong Khe. Photo: VNA

Le général Vo Nguyen Giap a proposé de changer le plan de bataille: Attaquer Dong Khe en premier pour ouvrir la campagne. La campagne se déroulera en deux étapes : la première étape consiste à détruire la forteresse de Dong Khe, et en même temps combattre l'ennemi pour sauver Dong Khe par voie terrestre et aérienne ; puis attaquer That Khe. La deuxième étape, après 10-15 jours, les troupes vietnamiennes se déplaceront pour attaquer Cao Bang. 

La proposition d'ouverture de la campagne avec la bataille de Dong Khe a été approuvée par le Comité central du Parti et le président Ho Chi Minh. Le nouveau plan de combat a également reçu le soutien de la délégation consultative chinoise.

Un moment de repos de l’armée entre deux batailles de la campagne frontalière de 1950. Photo : VNA

Après une période de préparation active, le matin du 16 septembre 1950, les Vietnamiens ont attaqué le bastion de Dong Khe. Après 3 jours de combats, le matin du 18 septembre, l’armée vietnamienne a terminé avec succès la bataille clé qui a ouvert la campagne, créant une opportunité très favorable pour combattre les renforts des Français. Cette victoire affirme également la décision correcte du général Vo Nguyen Giap et constitue une leçon très précieuse pour les chefs et commandants de l'armée.

Le 14 octobre 1950, la campagne frontière s'est terminée avec succès, remplissant les objectifs fixés. Après 29 jours de combats (16 septembre-14 octobre 1950), les Vietnamiens ont détruit et capturé plus de 8.000 ennemis, collecté 3.000 tonnes d'armes et de moyens de guerre et libéré la zone frontalière de Cao Bang à Dinh Lap (Lang Son). La quantité d'armes obtenues peut suffire à équiper les deux régiments principaux. 

La campagne frontalière (automne-hiver 1950) témoigne des compétences tactiques et de la direction distinctive du général Vo Nguyen Giap. Son talent militaire lui a fait le « général légendaire » de l'Armée populaire du Vietnam; et sera représenté par le général Vo Nguyen Giap lors de la campagne de Dien Bien Phu de 1954, qui a mis fin à la guerre de résistance contre les Français.

>> À lire aussi: Poste de commandement du général Giap à Muong Phang, Dien Bien Phu

70 ans se sont écoulés, la campagne frontalière (automne-hiver 1950) est à jamais une étape importante dans l'histoire vietnamienne. Cette victoire est une preuve contribuant à affirmer la ligne de résistance indépendante  et créative du Comité Central du Parti.

De précieuses leçons historiques

La victoire de cette campagne historique a laissé à la révolution vietnamienne de précieuses leçons historiques.

Premièrement, pour la victoire, la révolution vietnamienne doit d'abord avoir une ligne de résistance indépendante, correcte et créative, surtout au moment décisif.

Deuxièmement, il faut bien faire jouer pleinement la force du patriotisme et la grande unité de toute la nation. Dans une telle situation d'encerclement et d'isolement, face à tant de difficultés, on pourrait mobiliser une force civile de 120.000 personnes pour la réussite de la campagne. C'est clairement un énorme succès, au-delà des espérances des colonialistes français.

Troisièmement, il est nécessaire de construire des armées principales fortes comme noyau de la guerre de résistance. Juste après la victoire frontalière de 1950, cinq régiments principaux plus puissants (312, 316, 320, 325, 351) se sont établis, sur cette base. Il faut ensuite ouvrir de manière active de nombreuses autres grandes campagnes, par exemple la campagne de Dien Bien Phu de 1954.

Quatrièmement, dans un esprit d'indépendance et d'autonomie, il est nécessaire de tirer parti du soutien et de l'aide internationaux, de combiner la force nationale, pour créer une synergie supérieure à l'ennemi. Ces leçons historiques ont été continuellement appliquées de manière créative par le Comité central du Parti dans la direction révolutionnaire, en particulier pendant les dernières années de la guerre de résistance contre les colonialistes français et les 21 années de la guerre contre les États-Unis (1954-1975).

>> À lire aussi: Dien Bien Phu, incontournable pour tous les amateurs d’histoire