Évolution du nom de l’ethnie Mông au Vietnam: H’Mông, Hmông ou Mông?

Actuellement, les médias vietnamiens utilisent trois orthographes différentes pour désigner le peuple Mông : Hmông, H'Mông et Mông, accompagnées de deux prononciations: Ho Mong /hoʊ mɔŋ/ et Mong /mɔŋ/.  Cette ethnie est implantée au Vietnam depuis plus de 400 ans et constitue la 8e ethnie du pays, avec une population d'environ 1,4 million d’habitants. Cependant, son nom suscite toujours des débats parmi le public. Examinons ensemble ce phénomène afin de trouver une solution appropriée.

Une enquête sur son origine et sa prononciation

Pour découvrir le nom de ce groupe ethnique, commençons par explorer la manière dont il se désigne lui-même. 

Selon l’orthographe de ce peuple, son nom officiel est écrit “Hmôngz”. Ce mot est phonétiquement prononcé /Hmoob/ où /H/ est muette, servant essentiellement de support à /m/ qui suit et n'est pas prononcé, similaire au rôle de la lettre “h” en français. Ainsi, le groupe /Hm/ est prononcé de sorte que seule /m/ soit clairement entendue. /b/ final est un signe indiquant que cette son est tonique.  À partir de cela, nous pouvons conclure que prononcer ou les appeler “Mông” /mɔŋ/ est le plus exact. 

Ainsi, en ce qui concerne l'appellation ou la prononciation, “Mông" /mɔŋ/ est presque la plus correcte. Mais qu'en est-il de l'écriture? Dans des documents écrits, le nom de cette ethnie est-il parfois écrit comme “Mèo”, “Miêu”, “Miao”, parfois comme “H’mông”,“HMông”,“Hmong”, “Mông”?

De l’orthographe officielle à la reconnaissance officielle

Que signifie /Miáo/

Autrefois, ce peuple vivait dans le bassin du Fleuve Jaune et est reconnu comme l’un des pionniers de l’agriculture. C'est pourquoi les Chinois les désignaient sous le terme 苗/Miáo/, qui a été transcrit en vietnamien comme “Miêu”. Cette explication repose sur l'analyse du caractère chinois 苗/Miáo/ , qui est composé de deux autres caractères 田 (champ) et 愺 (herbe). Ainsi, cela évoque une communauté qui cultive des plantes sur terre ou qui pratique l'agriculture. Il ne s'agit pas du caractère 猫/māo/ désignant “le chat”, comme le pensent certains. Par conséquent, en plus de les appeler “Mông" /mɔŋ/ comme mentionné précédemment, on peut également les appeler Miêu /Miáo/ comme en chinois. 

Le nom officiel a finalement été établi

Selon l’orthographe officielle des Mông, rendue publique le 27 novembre 1961, le nom de cette ethnie sera dorénavant enregistré dans les documents administratifs sous la forme “Hmôngz”, où la lettre “H” reste silencieuse et la “Z” indique que le mot est tonique. Jusqu’en 1979, ce terme était répertorié dans la Liste des ethnies vietnamiennes par population sans le “Z” final, probablement en raison d’une erreur lors de la compilation. Cela a donné lieu à l’apparition de nouveaux noms tels que “H’mông”, “H’Mông” ou “Hmông” dans les documents administratifs pour désigner la 8e grande ethnie du Vietnam. Cette confusion a suscité des débats controversés parmi les ethnologues, chercheurs et lors des symposiums depuis longtemps. 

En 2001, le Conseil des affaires ethniques de l’Assemblée nationale a publié une dépêche officielle sur le nom et la prononciation correcte des ethnies minoritaires du Vietnam, établissant officiellement le nom de cette ethnie comme étant Mông, prononcé selon l’orthographie officielle vietnamienne.

( Des Mong à Lai Chau)

À la découverte des moeurs et coutumes des Mông au Vietnam

Les Mông, une ethnie minoritaire emblématique du Vietnam, détiennent un héritage culturel et une identité distincte qui captivent depuis des siècles. Plongeons dans leur monde fascinant, explorons leur habitat, leur répartition géographique et leurs traditions millénaires. 

Habitat traditionnel: une connection avec la nature 

L’habitat traditionnel des Mông est bien plus qu’un simple lieu de résidence, c’est le reflet d’une relation étroite avec leur environnement naturel. En harmonie avec les reliefs montagneux du Nord du Vietnam, leurs maisons en bois et en bambou se fondent parfaitement dans le paysage verdoyant. Les Mông construisent leurs habitations directement sur le sol, établissant ainsi un lien profond avec la terre qui les nourrit. 

Les toits de chaume, courbés en douceur pour épouser la forme des montagnes, offrent une protection contre les intempéries tout en permettant une ventilation naturelle. Les murs épais, façonnés à partir de matériaux locaux, garantissent une isolation thermique efficace, maintenant la chaleur en hiver et la fraîcheur en été. Chaque détail de leur architecture traditionnelle est pensé pour s’adapter aux rigueurs du climat montagneux, tout en préservant le lien sacré entre l’homme et la nature. 

En entrant dans ces maisons, on découvre un monde où le passé et le présent se rejoignent. Les intérieurs simples, ornés de textiles colorés et de motifs traditionnels, témoignent d’un savoir-faire artisanal transmis de génération en génération. Les pièces sont agencées de manière à favoriser la convivialité et le partage, reflétant les valeurs communautaires profondément enracinées dans la culture Mông. Chaque maison est bien plus qu’un abri, c’est un sanctuaire de traditions, où les histoires se transmettent autour du feu et où les liens familiaux se renforcent au fil du temps. 

( Des Mong à Ha Giang)

Répartition géographique: Des terres montagneuses imprégnées d’histoire

Les Mông, peuple ancestral, ont bâti leur existence dans les paysages grandioses des montagnes du Nord du Vietnam. Leur présence est intimement liée à ces terres majestueuses, où ils ont établi leurs villages au creux des vallées et sur les pentes escarpées des montagnes. Ces provinces montagneuses, telles que Lào Cai, Yên Bái, Hà Giang et Lai Châu, résonnent des récits de leur histoire et des échos de leurs traditions séculaires. 

Au fil des siècles, les Mông ont su préserver leur identité culturelle et leur mode de vie traditionnel malgré les défis rencontrés. Leurs villages disséminés à travers les hauteurs, sont des refuges de sérénité où règne un profond respect pour la nature et ses mystères. Les rizières en terrasse, façonnées avec patience et ingéniosité, témoignent de leur savoir-faire agricole millénaire, tandis que les troupeaux de buffles se déplacent paisiblement dans les pâturages verdoyants, symboles d’une harmonie entre l’homme et son environnement. 

Bien que leur présence soit particulièrement marquée dans les provinces mentionnées, les Mông se trouvent également dans d’autres régions montagneuses telles que Ðiên Biên et Son La, où ils continuent de perpétuer leurs traditions ancestrales. Ces terres montagneuses, imprégnées d’histoire et de spiritualité, sont le berceau d’une culture riche et diversifiée, où les Mông ont érigé des temples et des sanctuaires en hommage à leurs ancêtres et à la terre qui les nourrit.

( Des Mong Hoa à Bac Ha)

Traditions et coutumes: un patrimoine culturel vivant

Les traditions et coutumes des Mông sont le pilier de leur identité culturelle, un héritage précieux qui façonne leur vie quotidienne et nourrit leur lien avec le passé. Au cœur de leur société réside la famille élargie, une structure sociale solide où la solidarité, le respect des anciens et la cohésion communautaire sont au cœur de chaque interaction. 

Les festivals revêtent une importance particulière dans la vie des Mông, ponctuant l’année de moment de joie, de partage et de festivités. Chaque occasion et prétexte à célébrer: des récoltes abondantes aux mariages, en passant par les rituels de passage à l’âge adulte. Les danses traditionnelles, exécutées avec grâce et vigueur, sont le reflet de leur héritage culturel et de leur lien profond avec la terre et ses cycles. 

Les rituels sacrés occupent également une place centrale dans la vie spirituelle des Mông. Ils honorent leurs ancêtres à travers des cérémonies respectueuses, offrant des prières et des offrandes pour assurer la protection et la prospérité de leur famille et de leur communauté. La spiritualité est omniprésente dans leur quotidien, imprégnant chaque aspect de leur existence et nourrissant leur connexion avec le monde naturel et surnaturel qui les entoure. 

Ainsi, les traditions et coutumes des Mông sont bien plus qu’un simple héritage du passé, ce sont des éléments essentiels de leur identité collective, ancrés dans le présent et porteurs de sens pour l’avenir. Ces pratiques perpétuées de génération en génération sont le témoignage vibrant d’une culture vivante et résiliente, qui continue de s’épanouir au cœur des montagnes du Vietnam. 

Gardiens de la tradition, ambassadeurs de la culture 

Les Mông du Vietnam, par leur mode de vie traditionnel et leur profond attachement à leurs coutumes séculaires, représentent un véritable trésor culturel pour le pays. Leur habitat harmonieux avec la nature, leurs pratiques agricoles millénaires et leurs festivités colorées témoignent d’une histoire riche et d’une identité culturelle forte. 

En tant que gardiens de la tradition et ambassadeurs de la culture, les Mông jouent un rôle essentiel dans la préservation et la transmission des valeurs qui ont façonné leur communauté depuis des générations. Leur attachement à la terre, leur respect des ancêtres et leur solidarité communautaire sont autant de piliers sur lesquels repose leur mode de vie et leur identité. 

(Une dame Mong à Sapa)

Au-delà de leur propre communauté, les Mông contribuent à la diversité culturelle du Vietnam et sont une source d’inspiration pour tous ceux qui cherchent à préserver et à célébrer les traditions anciennes. Leur présence dynamique et leur héritage vivant enrichissent le paysage ethnique du Vietnam, renforçant le tissu social et culturel de la nation dans son ensemble.

Les Mông du Vietnam incarnent à la fois la continuité et le dynamisme de la culture vietnamienne. Leur engagement envers leurs traditions, leur attachement à leur terre et leur fierté pour leur héritage culturel font d’eux des acteurs inestimables dans la préservation et la promotion de la diversité culturelle du pays. 

(Nina)

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