Le Pho de Hanoï, le pho de Nam Ðinh et le My Quang inscrits au patrimoine culturel immatériel national
- Mis à jour le 15 Août, 2024 Par: Thuy Van NGUYEN
Le 9 août, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a officiellement ajouté le Pho Nam Dinh, le Pho Hanoï et le My Quang (Nouilles de Quang) à la liste du patrimoine culturel immatériel national du Vietnam. Ces trois spécialités ne sont pas seulement des symboles de l’identité culturelle de leurs régions respectives, mais elles illustrent également la richesse et la diversité culturelle du pays. Transmises de génération en génération, ces recettes traditionnelles incernent la créativité et la résilience des Vietnamiens, assurant aussi leur pérennité.
Le Pho de Hanoï : Symbole incontournable de la gastronomie vietnamienne
Le Pho de Hanoï est depuis longtemps considéré comme une spécialité emblématique de la capitale et du Vietnam tout entier. Historiquement, ce plat était vendu par des marchands ambulants, qui parcouraient les rues de Hanoï, répandant l’arôme envoûtant du bouillon parfumé à travers la ville.
Les adresses mythiques du Pho de Hanoï
Au XXè siècle, Bùi Chí Thìn, l’un des pionniers de la vente de Pho à Hanoï, a commencé sa carrière avec un modeste stand ambulant autour du lac de Hoàn Kiêm. Rapidement, son Pho a attiré l’attention des habitants et il a ouvert son premier restaurant au 61 rue Ðinh Tiên Hoàng, dans l’arrondissement de Hoàn Kiêm. Ce petit établissement est aujourd’hui l’une des adresses les plus prisées pour déguster un bol de Pho à Hanoï.
( Pho Thin à Hanoi)
Non loin de là, au 33 rue Hàng Giây, une autre légende du Pho s’est forgée. Vu Van Tam, un chef renommé, a débuté avec son stand ambulant dans les années 1950, vendant son Pho aux passants des rues Nguyên Thiên Thuât et Trân Nhât Duât.
Un autre nom marquant de l’histoire du Pho à Hanoï est Cù Nhu Thân, qui a transmis son savoir-faire à sa fille, Cù Thi Thanh Xuân. Elle a ensuite fondé les célèbres enseignes « Pho Chiêu » sur la rue Hàng Ðông et « Pho 49A Bát Ðàn », contribuant à la renommée de cette spécialité culinaire sur la scène gastronomique vietnamienne.
( Pho Chieu à Hanoi)
( Pho Bat Dan à Hanoi)
Symbole culturel national
Le Pho de Hanoï n’est pas seulement un plat, mais un élément indissociable de l’identité des Hanoïens et des amoureux de la capitale. Bien au-delà de sa popularité au Vietnam, le Pho de Hanoï a acquis une renommée mondiale, au point de figurer dans des dictionnaires internationaux en tant que mot à part entière. Aujourd’hui, le Pho Hanoï est présent dans une cinquantaine de pays, devenant un symbole incontesté de la gastronomie vietnamienne à l’échelle internationale.
Les noms des établissements de Pho à Hanoï sont remarquablement simples, souvent composés du prénom du chef ou associés à leurs traits de caractère. Parmi les exemples emblematiques, on trouve Phở Chiêu, Phở Tình, Phở Tư Lùn, Phở Sướng, Phở Vui, Phở Nhớ, Phở Cường, Phở Khôi "hói", Phở Thìn Bờ Hồ, và Phở Thìn Lò Đúc. Ces noms, en plus de refléter une touche personnelle, incarnent la familiarité et l’omniprésence du Pho dans la vie quotidienne des Hanoïens.
De l’ambulant au localisé : L’évolution du commerce du Pho à Hanoï
Le commerce du Pho Hanoi est étroitement lié à l’évolution socio-économique de la capitale. Ce plat emblématique, autrefois vendu par des marchands ambulants parcourant les rues à toute heure du jour et de la nuit, a progressivement trouvé sa place dans des établissement fixes, devenant ainsi une véritable institution locale.
Cette transition du Pho, de l’ambulant à localisé, a marqué une étape importante dans la popularisation et la pérennisation de cette spécialité. Les restaurants de Pho se sont installés dans des adresses bien définies, souvent situées dans des quartiers stratégiques, proches des centres névralgiques de la vie quotidienne des Hanoïens. Cette localisation fixe a permis aux établissements de se construire une réputation solide et de fidéliser une clientèle toujours plus nombreuse.
Dans ces restaurants, le processus de préparation du Pho est souvent mis en scène de manière spectaculaire. Les chefs, positionnés à l’entrée des établissements, préparent chaque bol de Pho sous les yeux des clients, permettant à ces derniers d’admirer l’habileté et le savoir-faire nécessaires à la confection de ce plat. Cette proximité offre également aux clients la possibilité de personnaliser leur commande, en choisissant les ingrédients qu’ils souhaitent ou ne souhaitent pas dans leur bol.
La localisation fixe des stands de Pho a non seulement contribué à la popularité croissante de ces établissements, mais elle a également renforcé l’identité de chaque adresse, en faisant des lieux incontournables pour les amateurs de Pho. Ces adresses, devenues attirant une clientèle toujours plus nombreuse et diversifiée, tant locale qu’internationale.
Le Pho de Nam Dinh : Une fierté locale élevée au rang de patrimoine national
Le Pho de Nam Ðinh, reconnu pour sa sophistication et son caractère unique, a été officiellement élevé au rang de patrimoine culturel immatériel national par le Ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Cette distinction met en lumière l’excellence et l’artisanat qui caractérisent chaque étape de la préparation de ce plat emblématique, du choix rigoureux des ingrédients à la création des nouilles typiques, en passant par la confection d’un bol de pho qui séduit par sa richesse de saveurs et ses qualités nutritionnelles exceptionnelles.
Ce succès n’est pas seulement une victoire pour la gastronomie locale mais aussi une source de fierté pour ses habitants, qui voient dans ce plat une représentation authentique de leur patrimoine culturel et de leur identité locale.
( Pho Co à Nam Dinh)
Un voyage dans le temps : Le pho de Nam Ðinh, entre tradition et innovation
Le Pho Nam Ðinh, tout comme son illustre cousin de Hanoï, possède une longue histoire qui remonte à plusieurs décennies. L’iconique « Pho de Monsieur Tang », installé au 23 rue Hàng Tiên, demeure aujourd’hui un pilier de la gastronomie locale. Fondé en 1947 par Vu Van Tang, ce modeste stand ambulant a marqué le début d’une tradition culinaire qui a profondément enraciné le Pho dans la culture de Nam Ðinh. Au fil des années, ce stand a évolué, se réinstallant en 1968 au 21 rue Hàng Tiên avant de se fixer définitivement au 23 rue Hàng Tiên, où il continue de ravir les amateurs de pho.
Les restaurants de Pho à Nam Ðinh : un modèle de familiarité et d’hospitalité
Les établissements servant le Pho à Nam Ðinh, bien que souvent de petite taille, se distinguent par leur minutie et leur accueil chaleureux. Comme à Hanoï, la préparation du pho se déroule en grande partie à l’entrée des restaurants, permettant aux clients de suivre chaque étape du processus. L’espace de préparation comprend un grand pot de bouillon, un autre pot d’eau chaude pour réchauffer les nouilles, et un espace dédié à la confection des plats.
( Pho Tang à Nam Dinh)
Les visiteurs viennent non seulement pour savourer un bol de pho, mais aussi pour observer de près le savoir-faire du chef. Chaque geste, de la découpe de la viande à l’ajustement du bouillon, fait partie intégrante de l’expérience culinaire. Cette disposition crée une atmosphère conviviale et intime, où les clients peuvent apprécier la complexité et l’amour du métier q ele chef met dans chaque bol de pho.
Ce cadre ouvert et interactif permet aux convives de ressentir pleinement la richesse du Pho de Nam Ðinh, reflet d’un savoir-faire transmis avec passion à travers les générations. Le processus de préparation, visible à tous, est un hommage à l’art culinaire local et contribue à l’enrichissement de l’expérience gastronomique, transformant chaque repas en un véritable voyage dans le temps.
Nam Ðinh : Berceau des artisans du Pho
Nam Ðinh, une province riche en traditions culinaires, est souvent désignée comme le berceau du Pho, avec environ 300 établissements répartis principalement dans la ville de Nam Ðinh et le district de Nam Truc. Trois villages, Vân Cù, Giao Cù, et Tây Lac, situés dans la commune de Ðông Son, sont particulièrement renommés pour leur lien profond avec ce plat emblématique. Ces villages abritent près de 600 habitants qui perpétuent l’art de la préparation du Pho, transmettant leur savoir-faire aux générations suivantes.
Le Pho Nam Ðinh, bien plus qu’un simple plat, incarne une partie intégrante du patrimoine culturel immatériel national, reflétant la vie quotidienne et l’esprit des habitants de Thành Nam au fil des générations. La préparation de ce plat exige une grande finesse et une attention méticuleuse à chaque étape, de la sélection des ingrédients à la cuisson du bouillon et à la confection des nouilles. C’est une passion inébranlable des artisans du Pho qui a conféré au Pho Nam Ðinh sa place de choix dans le cœur des amateurs de gastronomie.
Dans chaque bol de Pho Nam Ðinh, on retrouve non seulement des saveurs riches et complexes, mais aussi l’héritage culturel de cette région. Les artisans locaux, véritables gardiens de ce savoir-faire, jouent un rôle crucial dans la préservation et la promotion de cette spécialité, assurant ainsi que le Pho Nam Định continue de captiver les palais et les cœurs partout où il est servi.
Mì Quang : L’essence culinaire de la province de Quang Nam
Le Mì Quảng, spécialité emblématique de la province de Quảng Nam, bien plus qu'une simple préparation culinaire, est un véritable symbole de la culture et de l'histoire de la région, reflétant profondément les échanges et les adaptations culturelles des Vietnamiens dans cette terre ancienne.
Origines historiques et migration vers le Sud
Selon les dossiers patrimoniaux, le Mì Quang trouve ses origines dans la migration vers le sud des habitants du Ðai Viêt de la conquête de la région de Quang Nam. Cet événement historique marqué par la campagne du roi Lê Thanh Tông en 1471, a jeté les bases du développement et de la colonisation de cette région. Les habitants de Quang Nam ont ainsi créé le Mì Quang en utilisant les produits locaux, tout en intégrant les influences culinaires des autres régions du pays et de l’étranger.
Mi Quang : symbole de créativité et de fusion culturelle
Le Mi Quang est considéré comme le fruit de la créativité de nombreuses générations de Quang Nam, caractérisé par sa préparation flexible, rapide, facile à transporter, et adapté à toute heure de la journée. Cette flexibilité a fait du Mì Quang un plat central de la vie quotidienne des habitants de la région. Les historiens culinaires estiment que, tout comme le bánh tét, le Mì Quang est une preuve vivante du développement des habitants Quang Nam durant l’époque d’expansion vers le Sud.
Les premières traces de nouilles à base de farine de riz remontent à la dynastie Trân au Vietnam, mais c’est au XVIIe siècle, avec l’essor du port de Hôi An, que le Mi Quang a vraiment pris son envol. Hôi An, alors un port prospère, attirait des navires marchands de pays tels que le Portugal, les Pays-Bas, l’Angleterre, la France et le Cambodge. Ces échanges commerciaux ont permis au Mi Quang de s'imprégner des influences culinaires de l’Asie et de l’Europe, en faisant un plat unique aux multiples nuances culturelles.
L’Art de la préparation et l’essence culinaire
La préparation du Mì Quang n’est pas seulement une technique culinaire, mais aussi le résultat d’un long processus d’échanges culturels. Les nouilles épaisses et souples, faites de farine de riz, confèrent au plat une texture et une saveur distinctes. Au fil des ans, les habitants de Quang Nam ont constamment innové, créant diverses versions du Mì Quang, allant du Mì Quang au poulet, au Mì Quang aux crevettes et à la viande, en passant par le Mì Quang végétarien, chaque variante ayant sa propre identité.
Le Mì Quang se distingue également par sa simplicité apparente dans la préparation, tout en offrant une riche diversité de saveurs. Cette combinaison a permis au plat de dépasser les frontières de la province de Quang Nam pour devenir un mets apprécié dans tout le pays, et même au-delà.
Mì Quang dans le contexte moderne
Aujourd’hui, le Mì Quang a dépassé les frontières de Quang Nam pour devenir un symbole culinaire du Vietnam. Avec près de 500 restaurants servant ce plat à travers différentes régions, le Mì Quang ne représente pas seulement la richesse gastronomique de Quang Nam, mais aussi une part essentielle de la vie culturelle de ses habitants.
La récente reconnaissance du Mì Quảng en tant que patrimoine culturel immatériel national souligne non seulement sa valeur pour le peuple vietnamien, mais aussi son rôle crucial dans la promotion de la culture culinaire vietnamienne à l'échelle mondiale. Ce plat continuera d'être transmis, développé et préservé, consolidant ainsi sa place sur la carte gastronomique mondiale.
Préserver et valoriser les trésors culinaires
À ce jour, le Vietnam compte un certain nombre de trésors culinaires reconnus comme patrimoine culturel immatériel national, parmi lesquels figurent le Pho Nam Ðinh, le Pho Hanoï, le Mì Quang, ainsi que les métiers traditionnels de production de nuoc mám à Nam Ô et Phú Quôc. Ces reconnaissances ne sont pas seulement des marques de la valeur culturelle de ces pratiques, mais aussi des incitations puissantes à les préserver et à les promouvoir, afin de maintenir et de développer l’identité culinaire unique du pays.
Reconnaissance culturelle : un pilier pour la préservation et la promotion
La reconnaissance de ces plats et métiers traditionnels en tant que patrimoine culturel national revêt une importance particulière dans le contexte actuel. Elle ne se contente pas de souligner la valeur historique et culturelle de ces éléments mais ouvre également la voie à des opportunités pour les communautés locales de préserver, développer et promouvoir ces richesses culturelles à l’échelle mondiale.
Selon le Département du Patrimoine culturel, la liste des patrimoines culturels immatériels nationaux compte aujourd’hui près de 500 éléments, couvrant des domaines variés tels que les festivals, les pratiques sociales, les métiers artisanaux traditionnels, les arts du spectacle folklorique, et bien sûr, la gastronomie. L’inclusion des trésors culinaires dans cette liste marque une étape cruciale dans la préservation de la culture gastronomique vietnamienne, tout en démontrant l’attention accordée par les autorités et la communauté à la préservation de l’identité nationale.
Perspectives Futures pour la Préservation des Patrimoines Culinaires
À l'avenir, la préservation et la valorisation des patrimoines culturels immatériels liés à la gastronomie resteront des priorités pour les autorités compétentes, nécessitant également une mobilisation collective de toute la société pour conserver ces valeurs inestimables pour les générations à venir. Il est impératif que ces trésors culinaires continuent d'être protégés, développés et célébrés, non seulement comme un héritage du passé, mais aussi comme un atout pour l'avenir du Vietnam sur la scène culturelle mondiale.
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