
Y Tý : un marché d’altitude au cœur des minorités du Nord-Vietnam
- Mis à jour le 12 Mai, 2025 Par: Thuy Van NGUYEN
Envie de sortir des sentiers battus au Nord - ouest du Vietnam ? Direction Y Tý, un petit village perché à plus de 1 600 mètres d’altitude, tout près de la frontière chinoise. Chaque samedi matin, le marché traditionnel prend vie, rassemblant des communautés montagnardes venues échanger bien plus que des produits : des sourires, des tissus colorés, des histoires de village. Ici, les Hani, peuple discret et rare au Vietnam, occupent une place centrale, offrant aux visiteurs une plongée unique dans un monde où le temps semble suspendu.
Un marché rythmé par les pas lents des minorités
Le samedi matin à Y Tý, ce n’est pas le tumulte des moteurs ni les klaxons des villes qui marquent le début de la journée, mais le crissement discret des sandales sur les sentiers de terre et le murmure des voix venues des hauteurs. À l’aube, des silhouettes colorées apparaissent peu à peu dans la brume matinale : ce sont les habitants des hameaux alentour, certains partis avant le lever du soleil, qui rejoignent le marché à pied, parfois après plusieurs heures de marche.
Parmi eux, les Hani, l’un des peuples les plus discrets et les moins nombreux du Vietnam, viennent avec leurs paniers d’osier remplis de légumes du potager, de racines médicinales, de pousses cueillies en forêt. Leurs tenues, souvent brodées de motifs géométriques sombres rehaussés de reflets argentés, contrastent avec les habits éclatants des Mong ou des Dao qu’on rencontre plus fréquemment dans d’autres vallées.
Mais ici, à Y Tý, les Hani ne vendent pas en masse. Ils ne se mêlent pas à l’agitation générale du marché couvert. Ils occupent une petite place à l’écart, presque en silence. Le commerce semble secondaire. Ce marché est avant tout un lieu de rencontre et d’échange social, où l’on parle des récoltes, des nouvelles du village, des enfants partis travailler en ville. Certaines femmes étalent quelques bottes d'herbes fraîches ou de petites quantités de tubercules, d'autres discutent longuement sans rien vendre.
Une mosaïque discrète de cultures montagnardes
Au marché de Y Tý, la diversité culturelle ne s’impose pas au regard. Elle se dévoile par petites touches, dans une retenue presque pudique. Autour de la halle principale, les stands s’installent sans organisation apparente, mais chacun sait instinctivement où se placer. À côté des Hani, regroupés sur leur petite place un peu à l’écart — on croise aussi des Mong à jupes plissées et quelques femmes Dao rouges, reconnaissables à leurs coiffes brodées et leur démarche assurée. Leur présence est moins marquée qu’à d’autres endroits de la région, comme à Muong Hum, mais elle ajoute au tableau la sensation d’une cohabitation silencieuse entre communautés aux pratiques distinctes.
Les produits proposés n'ont rien d'exotique au premier abord : racines, plantes médicinales, tissus simples, outils forgés à la main, parfois un morceau de viande suspendu à un crochet. Ce n’est pas ici que l’on trouvera des souvenirs pour touristes ou des présentations léchées de l’artisanat local. Le marché sert avant tout à répondre aux besoins immédiats de ceux qui vivent ici, loin des circuits commerciaux classiques. On y troque parfois autant qu’on y vend, et l’argent change de main avec précaution.
Ce mélange de langues, de postures et d'habitudes crée une forme de coexistence silencieuse, où chacun trouve sa place sans que rien ne soit imposé. Observer cette diversité, c’est accepter de ralentir le pas, de poser le regard autrement, non sur ce qui brille, mais sur ce qui persiste.
Conseils pratiques pour les voyageurs attentifs
Accéder à Y Tý : entre isolement et volonté
Se rendre à Y Týdemande un certain effort logistique, mais c’est justement ce qui en fait une étape singulière pour les voyageurs en quête de lieux préservés. Depuis Lào Cai, il faut compter environ 4 heures de route pour parcourir les 70 kilomètres qui serpentent jusqu’à Y Tý, en passant par Bát Xát. Les paysages traversés sont impressionnants, mais la route, parfois endommagée par les pluies ou les glissements de terrain, demande de la prudence, surtout en saison humide. Ceux qui viennent de Sa Pa doivent faire un détour par Lào Cai ou Muong Hum, allongeant le trajet.
Il est conseillé d’opter pour une voiture privée avec chauffeur ou une moto si vous êtes expérimenté et bien équipé. Le transport public reste rare, et les connexions irrégulières, notamment hors saison.
Se loger à Y Tý : simplicité et accueil local
L’offre d’hébergement à Y Tý est encore limitée, mais elle s’améliore doucement.
On y trouve plusieurs petites guesthouses familiales et quelques homestays qui proposent des chambres simples, parfois avec vue sur les vallées en terrasse. Ne vous attendez pas à un confort standardisé ! ici, l’essentiel prime sur le superflu, avec souvent des sanitaires partagés, une literie modeste et une cuisine maison.
Réserver à l’avance peut s’avérer judicieux, notamment le vendredi soir, car c’est le seul moment où le village accueille des visiteurs pour le marché du samedi. Pour cela, il est utile de passer par une agence locale ou de contacter directement les hébergements via les plateformes de réservation vietnamiennes ou les réseaux sociaux.
Permis d'accès : une situation mouvante
Y Tý se situe dans une zone frontalière sensible à seulement quelques kilomètres de la Chine. Cela implique que l’accès peut être soumis à des formalités spécifiques, surtout pour les voyageurs étrangers. Selon les périodes, il peut suffire de présenter une pièce d'identité aux postes militaires, mais à d'autres moments, notamment lors de tensions géopolitiques, il est impératif d’obtenir un permis spécial, délivré par le poste de police de Lào Cai ou via certaines agences de voyage locales agréées.
Avant votre départ, renseignez-vous précisément, car les règles changent fréquemment et ne sont pas toujours communiquées publiquement. Un guide local peut également faciliter l’entrée dans la zone si vous voyagez en groupe ou en circuit organisé.
Une halte sobre, pour qui prend le temps de regarder
Le marché de Y Tý n’est pas un point culminant spectaculaire dans un itinéraire touristique. Il ne cherche pas à séduire, ni à s’adapter aux attentes extérieures. C’est un moment suspendu, un rendez-vous hebdomadaire entre des femmes et des hommes qui vivent là, au rythme de la montagne et des saisons.
Pour le voyageur attentif, celui qui observe plus qu’il ne consomme, c’est l’occasion d’approcher, avec humilité, une culture encore peu médiatisée, en prenant part à un quotidien rural sans fard. Ce n’est ni un musée vivant, ni une mise en scène. Le marché se déroule avec ou sans spectateurs.
Y Tý peut ainsi devenir une étape de transition, entre les paysages grandioses de la haute région et les villages de l’oubli. Et si vous y venez, peut-être qu’au-delà des images, vous repartirez avec ce qui ne s’achète pas : la sensation d’avoir été présent dans le vrai.
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