• Les Jarai (Gia Rai), ceux qui respirent les Hauts Plateaux
  • Les Jarai (Gia Rai), ceux qui respirent les Hauts Plateaux

  • Mis à jour le 23 Juin, 2020       Par: Dzung NGUYEN
  • Envie de vous plonger dans les montagnes majestueuses et les spectacles de gongs légendaires? Rendez-vous au village ethnique des Jarai pour découvrir une des cultures les plus préservées que recèle Tay Nguyen, les Hauts plateaux du centre du Vietnam.

    Les Jarai ou Gia Rai, nommés également « Gio Ray » et « Cho Ray» qui font partie du groupe Malayo-polynésien sont connus par les sous-groupes, Chor, Herung, Hbau, Arap, Mthur et To buan. Modestes en nombre aux alentours de 400.000 d’habitants, ils peuplent majoritairement la province Gia Lai et se répartissent partiellement dans les provinces de Kon Tum et de Dak Lak au nord. Avant le XI eme siècle, les Jarai s’appelaient « Rang Day » communément avec les Ede. 

    ethnie gia rai maison communale

    "Nha rong", la maison communale qui est haut lieu des activités de toute la tribu des Gia Rai

    L’histoire vietnamienne des XV-XVI eme siècles relatait la position dominante des rois du Feu et de l’Eau qui sont chefs de la communauté des Jarai. Notons que seul l’homme du nom de famille « Siu » a le droit de devenir roi. Et uniquement la femme de « Rchom » est susceptible de devenir sa femme. Agriculteurs de la terre basaltique, ils vivent de la riziculture et des cultures sur brûlis, parcourant aux outils assez rudimentaires comme houe et couteau. En plus d’animaux domestiques, ils possèdent de grandes troupes de chevaux et d’éléphants aussi, image emblématique des Hauts – Plateaux.

    Ils confectionnent en famille des produits artisanaux à travers les activités supplémentaires comme menuiserie, forgeron, vannerie…Soulignons particulièrement leur tissage typique qui n’appliquant pas un métier de tissage, mais les accessoires séparés, une méthode propre aux Jarai transmise de générations en générations.  

    ethnie gia rai tissage traditionnel

    Technique de tissage traditionnel des Jarai

    La maison sur pilotis, leur habitation traditionnelle, se distingue par deux types, long et court dont la porte principale donne sur le Nord. A l’exception des groupes Chor et Mthur, les autres adoptent la coutume d’ériger, au cœur du village, « nha rong » ou maison communale qui est haut lieu des activités de toute la tribu. En tête du village est un vieux éminent qui, avec l’assistance des vénérables, dirige l’ensemble des affaires communautaires.

    En ce qui concerne l’habit des Jarai, les hommes portent le langouti blanc aux rayures colorées au quotidien et de couleur indigo pendant les festivités avec des motifs blancs et rouges. La tenue traditionnelle des femmes réside en un pagne indigo et une veste courte dont l’ourlet de bas met en relief des motifs ornementaux en parallèle. Homme ou femme, on préfère une longue bande de tissu colorée en tête pour s’habiller pendant les sorties festives. Les femmes ont des bijoux en argent, bronze et en verroterie. En réalité, les Jarai résidant dans les faubourgs ou à proximités des routes nationales s’habituent aux vêtements similaires aux Kinh (Viet).

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    Mariage des Jarai

    C’est dans les familles matrilinéaires des Jarai qu’impose la voix des femmes. La fille prend l’initiative dans le choix de son amoureux et de son mariage. Contrairement aux coutumes de nombreuses ethnies du nord, seuls les Jarai issus des lignes familiales différentes peuvent se marier. Dans la famille, si l’homme n’hérite rien de ses parents, c’est le contraire pour la femme. Une fois marié, le couple se déménage chez la femme. Les enfants, quant à eux, s’attribuent le nom de la mère. Une veuve peut épouser l’un des frères de son conjoint. Même logique pour le cas d’un veuf.

    ethnie gia rai maison funeraire

    Une maison funéraire typique des Jarai installée dans la cour du musée de l’Ethnographie du Vietnam

    Les Jarai croient que la mort ne s’ouvre qu’à une autre vie de l’au-delà. D’où toute une procédure des obsèques dont la plus importante et couteuse est la cérémonie d’abandon de la tombe (marquant le départ définitif du défunt). Ce qui se traduit par leur soin particulier apporté à la décoration de la maison funéraire qui abrite normalement une trentaine de morts. À l’intérieur d’une maison funéraire, on met à disposition des défunts les meubles pour leur vie de l’au-delà. À l’extérieur, les sculptures typiques reflètent les coutumes de la vie quotidienne. C’est compréhensible de constater qu’avec la maison communale, la maison funéraire présente effectivement les sculptures caractérisant les coutumes ancestrales du peuple des Jarai.

    Chez les Jarai, la vie est régie spirituellement par les génies qui sont aussi multiples que variés dont les majeurs sont :

    Le génie de la maison, protecteur de la famille, auquel on fait le culte chez soi. En cas d’une nouvelle demeure, ils procèdent à sacrifier un buffle et à la plantation d’un «cay gao » (Bombax ceiba)

    Le génie du point d'eau et le génie du village, les protecteurs du village et de la vie des membres auxquels on fait le culte auprès des sources et au pied de la montagne.

    Les chefs (roi du Feu, de l’Eau et du Vent) qui sont élus pour s’occuper des rites de prières d’un climat clément et de la bonne récolte.

    ethnie gia rai spectacle gong

    Sauf les enfants, tout le monde fume. Les jours festifs, on se réunit autour d’un jarre d’alcool de « cân » (qui se déguste avec des tiges de bambou) pour déguster les mets mis en bol, en assiette ou feuille de bananier. Les Jarai ne font pas la fête sans manifestation des gongs que maitrîsent bien les hommes comme les femmes. Jugés l’âme de toute cérémonie, les gongs servent d’un langage privilégié de liaison entre divinités, monde et homme. Au rythme des gongs, les danses folkloriques participent également au festin traditionnel pour constituer, avec « ruou can » un trio « gongs – danse – alcool» qui berce perpétuellement nombre d’ethnies des montagnes du centre. C’est autour des gongs que se déroule toute activité quotidienne et se fortifie le monde mystique des âmes de Jarai. Par ailleurs, l’espace de culture de gongs a été reconnu en 2005 comme Patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

    Fort d’un trésor de poésie et d’épopées parfaitement préservé, les Jarai sont fiers du patrimoine remarquable de mélodies rythmées par leurs propres instruments folkloriques dont les plus populaires sont le To rung, Krong put, Tung nung…

    Envie d’une escapade à la rencontre avec des Jarai, Ede, M’nong et à la découverte des paysages majestueux des Hauts Plateaux du centre ? Cap sur les régions à beauté fascinante, Dak Lac et Buon Me Thuot pour revenir souvenirs pleins la tête:

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