Le site historique de My Lai, plus de 50 ans de blessure
- Mis à jour le 2 Jul, 2019 Par: Rivière
My Lai, un nom tristement célèbre de la guerre du Vietnam. C’est un peu l’Oradour-sur-Glane vietnamien. My Lai, situé dans la province de Quang Ngai à 130 kilomètres de Hoi An, est une dénomination topographique de l’armée américaine pour désigner deux hameaux du village de Son My où s’est déroulé ce que l’on appelle communément le « massacre de My Lai ». Au cours de la guerre du Vietnam, le 16 mars 1968, un bataillon de l’armée américaine massacra 504 villageois civils, femmes, enfants, vieillards compris ! Le général américain William Westmoreland félicita ces hommes pour « une action exceptionnelle » et pour avoir « porté à l’ennemi un lourd coup à l’ennemi ». Peut-on vraiment parler d’ennemis quand il s’agit de bébés, de vieillards ou de personnes non armées ?
Déroulé de cette tragédie
Selon les services de renseignements militaires américains, une unité Viet Cong opérait dans la zone de la province de Quang Ngai et, en déroute, aurait trouvé refuge à My Lai, un hameau du village de Son My. Le matin du 16 mars 1968, vers 7 h 30, une compagnie d’infanterie, sous les ordres du lieutenant William Calley, se font déposer en hélicoptère et pénètrent dans le village de My Lai. Les soldats américains bouclent totalement le village mais sans trouver un seul combattant alors que les villageois, qui se préparent à se rendre marché, ne paniquent pas et ne fuient pas. Les villageois sont rassemblés alors que des ordres sont donnés pour brûler les maisons, tuer le bétail, détruire les denrées alimentaires et boucher les puits. Puis sans aucune raison, un déferlement incroyable de nombreux actes de sauvagerie débute, un déchaînement inhumain s’abattît sur la population locale, les GI’s commencèrent à s’attaquer à tout ce qui bougeait, humains et animaux, avec des grenades et des mitraillettes, aidés par des hélicoptères de combat. Ce fut un véritable carnage. Les soldats ont abattu des hommes non armés, des femmes, des enfants et des bébés. Des femmes ont été violées quand certaines victimes ont été mutilées avec la signature « Compagnie C » sculptée sur leur poitrine avant d’être abattues. Après cette tragédie, on compta :
Voyant horrifié ce massacre, un pilote d’hélicoptère américain, Hugh Thompson, posa son hélicoptère devant des soldats qui commettaient des exactions sur la population civile et ordonna à ses hommes de braquer leurs armes sur les GI’s et de les abattre si ils tentaient de violenter les villageois. Puis avertissant deux autres hélicoptères armés, ensemble ils réussirent à évacuer plus d’une dizaine de survivants.
Révélation du massacre de My Lai
Plusieurs soldats américains dont Thompson rendirent compte à leurs supérieurs de ce qui s’était passé à My Lai mais l’armée américaine minimisa les faits quand elle n’essaya pas tout bonnement de les dissimuler affirmant dans un rapport que quelque 20 civils ont été tués par inadvertance pendant l'opération.
Le journaliste américain d'investigation indépendant Seymour Hersh dévoilera l'histoire du massacre de My Lai le 12 novembre 1969, il se verra décerner le très prestigieux prix Pulitzer l'année suivante. Puis quelques jours plus tard suivent les magazines Time, Life et Newsweek qui relateront le massacre. L’indignation devant ces horreurs est internationale et la population américaine est révoltée devant les barbaries commises par certains de ses soldats. Ce massacre a fait croître l'hostilité à l'endroit de cette guerre et prouvé hors de tout doute que ce n'était pas une bonne guerre.
Le jugement des soldats américains
Le lieutenant-général William Peers a publié son rapport en mars 1970 et recommandé que 28 officiers soient accusés d'avoir participé à cette tuerie. En fin de compte, sur les 26 hommes initialement inculpés, le lieutenant Calley est le seul condamné. Condamné à la prison à perpétuité le 29 mars 1971, il sera finalement placé en résidence surveillée pendant trois ans et demi en résidence surveillée à Fort Benning puis libéré par le Secrétaire de l'armée. Plus de quarante ans après les faits, William Calley est toujours hanté par ce massacre « Il ne se passe pas un jour sans que je ressente des remords pour ce qui s'est passé ce jour-là à My Lai. J'éprouve des remords pour les Vietnamiens qui ont été tués, pour leurs familles, pour les soldats américains impliqués et pour leurs familles. Je suis profondément désolé ».
Le mémorial de Son My
Le massacre de My Lai occupe une place particulière dans la mémoire collective vietnamienne. En 1978, un musée et lieu de mémoire consacré à cette tragédie a été construit dans le village de Tinh Khê tout proche du lieu du massacre. Certains soldats américains se sont rendus sur le site, notamment lors des commémorations, pour tenter de guérir et surtout se réconcilier.
Le musée des vestiges de guerre d'Hô Chi Minh - ville consacre également une exposition sur le massacre de My Lai avec une série de photos et de témoignages des survivants.
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